Obsession

Parce que dans la vie, ya pas que l'infertilité !

Non je plaisante. Je suis devenue monomaniaque.
C'en est terrifiant.

Aussi, pour ne pas me changer les idées, je regarde Private Practice.

Pour celles qui ne connaissent pas, c'est une série dérivée de Grey's Anatomy. Et qui, devinez-quoi, fait intervenir des médecins. Dont une spécialiste de la fertilité, et une gynéco. Bah ouais. La totale quoi. Je revis mes semaines Pmesques en série, le soir, dans mon lit.

Bon, ce n'est pas que la série soit, en soi, passionnante. C'est une série comme tant d'autres séries médicales, mêlant d'improbables histoires pseudo-médicales à d'improbables histoires sentimentales.
N'empêche qu'il s'agit parfois de gens qui veulent des bébés mais n'en ont pas. De couples en FIV. De femmes enceintes après des FIV. Et que du coup, tout improbable que ce soit, j'accroche davantage que s'il s'agissait d'une série totalement exempte de PMA.

C'est peut-être là où c'est grave. Je ne sais pas comment réagissent "les autres", comment vous réagissez peut-être. Mais je suis telle une obsédée, complètement obnubilée. Et finalement, me "changer les idées", c'est regarder des documents en lien avec l'infertilité. Lire des blogs. Lire des dossiers médicaux. Regarder des documentaires. Lire des romans d'infertiles fertiles. Regarder cette série.

Peut-être parce que, finalement, je ne peux pas parler vraiment. Marre d'ennuyer "les gens" avec ce "truc", que personne ne comprend, ce détail pour eux, ce TOUT pour moi. Cette envie de me changer les idées. Cette incapacité à me changer les idées... Cette peur de me couper des autres ; pas forcément physiquement, car malgré tout, je sors encore un peu, je parle, mais dedans, c'est comme si c'était mort. Je parle boulot, je pense infertilité, je parle ciné, je pense infertilité, j'écoute quelqu'un, je pense infertilité. Toujours, ou presque.

Mes bouées ? Ma bouée. Mon travail peut-être. Parfois, à la sortie d'une réunion un peu chargée, au cours de laquelle j'ai dû me battre, défendre mon point de vue, questionner, je n'ai plus joué. Mon cerveau, enfin, s'est déconnecté quelques instants de l'infertilité. Et à la sortie, après deux ou trois heures de "pause", au maximum, ce petit bonheur, ce sentiment d'avoir, pendant quelques instants, "vécu".