dimanche 23 février 2014

Le pourquoi du comment on en est arrivés là (3)

Suite et fin des épisodes précédents...

Le premier spermogramme a été une réelle épreuve. Le premier spermogramme, c'est la peur (de l'examen en tant que tel, pour Monsieur), la peur du résultat. Le premier spermogramme, c'est l'espoir. L'espoir d'un joli résultat, d'un truc qui rentre dans les cases du labo, qui te dit que tout va bien.

Le premier spermogramme, c'est l'aventure. Trouver un labo est déjà en soi une aventure. Namoureux a péniblement fait le tour des labos du coin (par téléphone hein) pour savoir qui accepterait de regarder ses bestioles (si tant est qu'il en ait, j'étais déjà au parfum pour l'azoospermie moi). Le premier spermo, c'est la crainte du labo. Namoureux voulait le faire à domicile.

Une matinée mémorable. Chronométrée. On t'a dit qu'il fallait garder les bestioles au chaud après le recueil ? A température du corps. Je ne voudrais pas donner d'idées salaces à qui que ce soit, mais le bon plan, c'est de se coincer la fiole entre les seins. Fais péter le push-up !!!

Bref, après une partie de mari* kart dans la ville pour tenter d'arriver avant la dead-line des 30 minutes, Namoureux me jette devant le labo. Tu sais, le labo, avec sa file d'attente de petits vieux ? Voilà, exactement. Et la ligne de confidentialité, c'est pas trop lol la ligne de confidentialité dans un labo ? T'y crois toi qu'on a encore de la pudeur ou de la confidentialité ?

Je patiente, bravement, derrière la cohorte du 3ème âge. Il faut rappeler que le vieux (malheureusement) ne verra peut-être personne d'autre de la journée que la secrétaire du labo. Il a donc plein de trucs à lui raconter. Mais sérieux, j'ai une fiole dans le soutif moi !!

Le timer approche du zéro, je flippe, je bouille (c'est français ça, je bouille ?) (et rappelle toi, je dois garder le truc au chaud, mais pas trop, pas bon de bouillir...).

Prenant ma fiole mon courage à deux mains, je pique la canne d'un de mes potes de galère et me fraye un chemin jusqu'à la secrétaire, tant pis pour le ticket de comme chez le boucher qui me dit que c'est pas mon tour. Et la secrétaire en question (Madame madame, je suis trop méga désolée de doubler les copains, mais j'ai ma fiole, on nous a dit 30 minutes, je suis désolée désolée), de me regarder d'un air un peu dégoûté, et de ne pas vouloir prendre la fiole. Une question d'étiquette...

Néanmoins, certainement flippée de me voir armée de la sorte en plein milieu de l'accueil, elle ordonne à la clique de zombies (je kiffe les vieux en vrai hein, mais là c'était juste pas le jour) de reculer, expliquant que c'est pour une urgence.

Et me voilà donc à parler masturbation abstinence avec une dame inconnue de moi, toujours armée de ma fiole, avec une petite troupe derrière la ligne de confidentialité (c'est à dire à 10 cm de ma fiole pomme).

Le truc étiqueté, ayant été insultée entre le dentier à demi-mot par 3 ou 4 copains matinaux, la super secrétaire fini par choper le truc. C'est à ce moment là que Namoureux, ayant enfin trouvé une place, se pointe comme une fleur pour dire au revoir à tout le monde.

Des résultats promis pour dans 3 jours, le bonheur, j'avais peur que l'on doive attendre plus. Et on a attendu plus. Une dizaine de jours je crois. Qui a dit que les labos devaient tenir les délais annoncés ??? Les trois fois où Namoureux s'est rendu au labo dans l'espoir de chopper les résultats, sans pouvoir les obtenir, j'ai pleuré. De stress, de rage.

Le soir où il a vraiment eu les résultats, je n'ai pas pleuré. Plus de stress. Juste un résultat merdique. OATS extrême. Un mot, un diagnostic. Un drame pour nous.

Je n'ai pas pleuré, parce qu'en PMA, tu es deux (en général, mais total respect pour celles qui affrontent cela seules, cela aurait tout à fait pu être mon cas). Quand tu es deux, tu te dois d'essayer de flancher à tour de rôle. Sinon, qui ramasse l'autre ?

Le soir des résultats, je n'ai pas pleuré. Je savais, contrairement à Namoureux, ce que signifiait ce terme. Je savais qu'elles en étaient les conséquences prévisibles (je te rappelle que je pose toutes mes questions à G**gle, qui doit avoir un palmarès dédié exclusivement à mes requêtes marrantes).

Je n'ai pas flanché, parce que j'ai vu Namoureux effondré, et qu'il fallait affronter, supporter, encourager, dédramatiser.

Je n'ai rien dit, car j'étais en colère. Après des mois à culpabiliser sur mon infertilité supposée, c'est Namoureux qui portait le chapeau. Et que toute fâchée que j'étais de son silence à mon égard les mois précédents, j'étais effondrée qu'il paye le prix fort.

Souvent, la vie est injuste.

7 commentaires:

  1. Difficile les ouvertures des diagnostics. Et comme tu dis en PMA, dans le meilleur des cas, on est deux, si l'un s'effondre, l'autre le retient. Merci à toi pour ton homme. Bisous

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  2. Lorsqu'on a fait le 1er spermo, je suis parti au boulot et mister a tout géré seul de A à Z. Même pas mon soutien pour cracher les bébêtes dans la fiole. Par contre il l'a amené tranquillou au labo de la clinique PMA, y avait pas eu de précisions sur la température...
    Bon ensuite je ne peux comparer mon parcours au tien, le spermo chez nous était bon. Je n'ose même pas imaginer comment j'aurais pu soutenir mon mari face à ça. Je crois qu'il se ferait enfermé dans sa coquille donc qqpart ça me va bien que le pbm soit chez moi.
    Bisous

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  3. Pas facile d'apprendre tout ça. C'est vrai ce que tu dis, quand y en a un qui flanche, l'autre doit rester fort, heureusement qu'on est deux.
    Bises

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  4. C'est sur, heureusement qu'on est deux pour affronter toutes ces épreuves.
    Plein de courage à tous les deux.
    Des bises....

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  5. Pas facile en effet de recevoir des résultats. Pas facile de savoir comment soutenir l'autre. Courage!

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  6. En effet ce sont des épreuves difficiles qui nous en apprennent beaucoup sur soi, l'autre et son couple... Je me reconnais pas mal dans ce que tu dis.

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  7. l'annonce du diagnostic avec le resultat des examens c'est un evenement horrible et traumatisant...
    quand mon homme a ouvert le resultat de son spermo il a été chamboulé...

    bises

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